Chapitre 9eme
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Somaesthesia
L'orage grondait toujours, la pluie battait avec force contre le sol pavé, mais rien de tout ça n'avait d'importance... Car j'étais avec lui.
En compagnie de Changbin dans le parc non loin de chez nous, nous entendîmes une voix familière nous interpeller. J'en fus soulagé, car ce que je venais de lui dire était très étrange... "Dans mes rêves c'est vous qui mourrez". Pourquoi avais-je dit une chose pareille, c'était tout bonnement horrible... Mais les mots avaient filé de ma bouche avant même que je ne puisse m'en rendre compte.
Nous tournâmes la tête vers la voix qui se rapprochait. Il lâcha malheureusement mes mains et je crus tomber. Mais la surprise de trouver face à nous, monsieur Huang l'herboriste, me maintint debout. Que faisait-il là, dans le parc, à cette heure-ci, et ce, en pleine semaine. Il avait les bras chargés de sacs et nous souriait joyeusement, comme si tout allait pour le mieux.
" Renjun ? demanda Changbin, étonné.
— C'est une bonne chose que je vous croise ! Je ne pensais pas vous trouver ici, à vrai dire, j'avais pensé vous envoyer un télégramme quand il serait arrivé, mais vous voici et cela m'économise le coup de cet envoi.
— Quand quoi sera arrivé ? demandais-je.
— Et bien... Je ne peux pas vous en dire plus... Mais passez à la boutique dans une semaine et je vous expliquerai à ce moment-là. Mais, dites moi plutôt comment vous vous sentez... Vous avez de petites mines... Mon somnifère n'est-il pas assez efficace ? Devrais-je vous en prescrire un plus puissant ?"
Monsieur Huang nous assaillait d'informations et, encore un peu sonné, mais surtout épuisé, je mis du temps à répondre, si bien que Changbin le fit à ma place.
" Nous passerons dans une semaine alors... Et pour ce qui est de nos mines... Vos somnifères sont efficaces, mais les nuits sont pleines de cauchemars quant aux journées... Enfin... Pour dire, ce n'est pas votre médicament qui est en cause... Cela dit, si vous avez quelque chose contre les cauchemars, je pense que nous serions ravis. Comme vous l'avez vu, nous sommes épuisé par ces nuits sans repos.
— Malheureusement, je n'ai rien de bien efficace contre votre problème... Pour le moment du moins... Revenez dans une semaine..."
Il marqua une pause, regardant derrière nous, à l'orée du bois, comme s'il avait vu quelque chose qui lui déplaisait fortement. Naturellement, j'y jetais un coup d'œil, mais n'y vit rien de plus que des feuilles vertes et des troncs noueux. Je me dis alors que Renjun était vraiment particulier.
Il reprit : " J'aurais peut-être plus d'informations... En attendant... Je vous souhaite bien du courage et... Je vous conseil de rester près l'un de l'autre. Nous sommes toujours plus fort à deux."
Il nous fit un sourire triste emplie de mélancolie, comme s'il repensait à un souvenir trop lointain, mais pourtant vif et plein d'émotions.
" Sur ce... Je dois vous laisser, on m'attend quelque part !"
Et il reprit son chemin aussi vite qu'il était arrivé. Nous eûmes à peine le temps de le saluer.
Finalement, nous fîmes un rapide tour en ville pour nous changer les idées, de plus il me fallait un nouveau carnet de croquis. Nous nous arrêtâmes aussi dans une librairie, où tous les vendeurs semblaient connaître l'homme qui m'accompagnait. Passant entre les étagères fournies, il me montrait les titres des romans et autres ouvrages qu'il avait déjà lu. Je fus impressionné par la quantité de livres qu'il avait dévorés. Je me sentis même un peu bête, n'ayant lu, en tout et pour tout, que deux romans dans ma vie.
Changbin acheta finalement quelques livres sur les esprits et autres entités qu'il n'avait pas encore lu. Il m'expliqua qu'il fallait bien commencer les recherches quelque part.
Ne voulant pas encore rentrer chez nous, il acheta quelques sucreries dont je raffolai puis nous nous installâmes, à l'ombre d'un grand chêne pour les déguster. Les nuages n'avaient pas quitté le ciel mais il faisait tout de même chaud en cet après-midi d'été. Heureusement, la fraîcheur de l'herbe ombragé au pied de l'arbre, nous maintenait à une température convenable. J'étais bien. Et bien accompagné. J'aimais la compagnie du plus vieux. Il me faisait me sentir plus léger. Plus serein. Plus... Complet. Ma confiserie terminée, je glissai timidement ma main sur la sienne, maintenant mon regard sur le feuillages ondulant du chêne. Rapidement, je sentis ses doigts se resserrer autour des miens et un petit sourire naquit sur mes lèvres. J'étais heureux en cet instant. Comme si tout ce que nous avions vécu avait été oublié.
Nous commençâmes à parler de nous. De notre passé. Je lui expliquais alors que j'étais orphelin. Que j'avais grandi dans un bon orphelinat et que malgré la solitude de vivre sans parents, j'y avais grandi dans le bonheur.
J'appris qu'il avait été abandonné par ses parents auprès de ses grands-parents étant bébé, et c'étaient eux qui l'avaient élevé. Il avait par la suite rencontré un médecin de son village qui lui avait appris à lire et depuis il ne s'était plus jamais arrêté. Il était parti pour la ville très jeune, vers quatorze ans, laissant ses grands-parents derrière, et ces derniers avaient péris alors qu'il n'avait que seize ans.
Je lui parlai de ma passion pour le dessin, il me parla de la sienne pour les lettres.
Puis quelques gouttes de pluie coupèrent court à notre escapade, et nous rentrâmes chez nous.
Seulement, une fois le pas de la porte passé, devant les escaliers, je me figeai. Je ne pouvais les monter. J'avais bien trop peur de ce qui pouvait m'attendre dans ma chambre. Cette même chambre où, plus tôt dans la journée, j'avais vu la lycéenne tomber du plafond, s'écrasant sur le sol en un bruit immonde, puis elle avait prit le corps étourdit de l'homme qui me rendait serein et l'avait violemment décapité... Je ne voulais plus jamais voir une telle chose.
Je fis un pas en arrière et Changbin posa une main réconfortante sur mon épaule.
" Ça va aller ? demanda-t-il.
— Je... Je ne veux pas retourner là-haut, dis-je, les larmes aux yeux.
— Dans ce cas... Pourquoi ne pas venir chez moi ? Renjun nous a dit de rester ensemble... Peut-être pourrais-tu rester cette nuit au moins. Qu'en dis-tu ?"
Je ne sus quoi répondre. Oui, je le voulais. Mais pouvais-je décemment dormir chez lui ?... Après tout, c'était cela où passer la nuit seul dans une chambre aux bruits et apparitions morbides. Et si tout cela devait se reproduire, je préférais être en compagnie du noireau.
J'acquiesçai donc lentement et le suivi chez lui.
Il ouvrit la porte en s'excusant de "l'état pitoyable" de son appartement, et je compris pourquoi. Sa chambre était un bazar monstre. Çà et là, gisait des livres en tous genres, gerbant des étagères et autres meubles de rangement, traînait aussi des plumes, des stylos et même des flacons d'encre, sans parler des feuilles volantes. On ne voyait presque plus le sol. Cependant, malgré le désordre apparent, ça restait un bel endroit. Le plafond était plutôt haut et couvert de moulures et autres arabesques. Il jouissait du luxe d'avoir l'électricité et avait une pièce de plus que moi. En effet, nous entrions dans sa chambre, mais deux portes sur le mur de droites menaient respectivement à une salle d'eau et une cuisinette.
Dans sa chambre, il disposait d'un grand lit deux places -dont l'une d'elles était vraisemblablement dédiée à ses livres- et d'un bureau un peu plus grand que le mien. Il avait deux chaises et une petite table dans un coin près de la cuisinette. Dans le coin opposé se dressait une grande armoire en bois massif semblable à la mienne, mais elle avait un miroir sur la porte et semblait un peu plus récente. Et bien sûr, il possédait un nombre hallucinant de petites bibliothèques et étagères remplies d'ouvrages.
" Vous avez beaucoup... je fis une petite pause pour marquer mes dires. De livres, Changbin...
- Oui... Je sais... Je devrais me débarrasser de ceux que je ne veux plus mais le problème c'est que je veux tous les garder."
Il rit légèrement et mon cœur manqua un battement. J'entendais son rire pour la première fois et c'était un son très agréable à mes oreilles. Je posai une main sur mon palpitant qui s'emballait et ris un peu à mon tour.
Puis je l'aidais à faire un peu de place et à changer les draps. Nous discutâmes sur ses lectures, puis l'heure du dîner arrivant, j'insistai pour préparer quelque chose avec ce qu'il lui restait de conserve.
Après notre repas, qui n'était pas si mauvais, nous nous allongeâmes l'un à côté de l'autre seulement vêtu de nos chemises et sous-vêtements.
Quelques minutes passèrent, sans le moindre bruit, seules nos respirations et la pluie qui battait contre le sol.
Je sentis alors ses doigts se glisser contre les miens. Ils s'entrelacèrent et peu de temps après je sombrais dans un sommeil profond et sans rêves.
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Nous passâmes les jours qui suivirent ensemble. Il lisait, je dessinais. Les illusions, rêves et autres bruits avaient disparu le premier jour, mais malheureusement, ils revinrent rapidement et même si nous étions tous les deux, il était difficile de les supporter. Heureusement quand même, nous pouvions compter l'un sur l'autre pour se rassurer et s'enlacer si nécessaire.
Mais finalement après avoir passé quatre nuits chez lui, je décidai qu'il était peut-être temps que je dorme chez moi. La journée avait été belle et je doutais qu'un orage ne vienne perturber la nuit. Il m'accompagna chez moi, bien que ce ne fût qu'à l'étage. Il vérifia la fenêtre de la salle de bain pour moi, ainsi que sous mon lit et dans mon armoire. mais il n'y avait rien à craindre si ce n'était quelques insectes inoffensifs.
Finalement, il embrassa ma joue avec un peu trop de tendresse, ce qui fit fondre mon cœur. Depuis quelques jours, il avait pris cette habitude. Dès que nous nous séparions pour une quelconque raison, il m'embrassait la joue, ou me la caressait d'un geste distrait voire timide. C'était un peu étrange et pourtant... Je m'y étais vite habitué et j'eus trouvé ça encore plus étrange qu'il ne le fasse plus. De plus cela faisait battre mon cœur à tout rompre. Je sentais mon coeur et mon corps s'échauffer à chacun de ces contacts. Si bien que cette fois je sentis même mes intestins se retourner.
J'attrapais son poignet, dans un geste rapide qui le surpris, et fis comme lui. Mes lèvres s'écrasèrent contre la peau de sa joue, peut-être un peu plus proche de ses lèvres que je ne l'aurais sciemment souhaité. Mais il ne dit rien. Il sourit et quitta la chambre en me souhaitant bonne nuit.
Je restai un instant debout à repenser à nous, et cette étrange sensation qui m'envahissait quand il était là, et le vide quand il ne l'était pas. Puis je me dirigeai vers mon lit et m'allongeai sombrant dans un demi-sommeil un sourire sur le visage. Probablement un sourire niais. J'étais calme, bien qu'il me manquait, étonnement.
Mais mon calme fut de courte durée, car à peine le soleil couché, un éclair fendit le ciel suivi de très près du tonnerre tonitruant.
J'eus envie de pleurer. Perdant toute volonté de me retrouver seul, je pris mon oreiller entre mes bras et me rendis précipitamment, tel un enfant irait dans les jupons de sa mère, chez l'homme aux cheveux de jais qui meurtrissait mon cœur de son absence.
Je toquai à la porte.
" Changbin... C'est... C'est moi Fé..."
Je n'eus le temps de terminer ma phrase qu'il ouvrit la porte et m'invita à entrer, ce que je fis sans attendre.
" J'ai entendu le tonnerre et... Sans mentir, j'allais te rejoindre."
Il alla mettre de l'eau à chauffer pour nous faire une tisane. Nous avions remarqué, qu'en plus d'être bon, cela nous calmait et rendait le somnifère de Renjun plus efficace encore.
"C'est toujours pire quand il y de l'orage, dis-je en posant mon oreiller à côté du sien.
— Oui."
Il revint avec deux tasses qu'il posa sur la table de chevet. Il s'assit alors de son côté et m'invita à faire de même. Une fois tous deux assis, le dos contre la tête de lit, il me donna ma tasse et nous bûmes en silence.
Finalement il se tourna vers moi et dit :" Je vais lire un peu avant de me coucher, mais tu peux dormir si tu veux. Je vais laisser seulement ma lampe de chevet."
J'acquiesçai puis le regardai se lever pour éteindre le plafonnier. Il revint et retira ses vêtements de jour, restant en simples sous-vêtements.
Légèrement mal à l'aise, et sentant le rouge me monter aux joues, je préférai détourner le regard.
Ma tisane finie, je me déshabillais aussi mais n'ôtai que mon pantalon. Je préférai garder ma chemise. Je m'allongeai ensuite à ses côtés, et ne pus m'empêcher de le regarder lire.
Je détaillais chacun de ses traits. J'aimais voir comment il fronçait légèrement ses sourcils quand il trouvait un passage plus complexe. J'aimais regarder ses lèvres mimant les mots qu'il lisait quand il était trop concentré. Mon regard descendit timidement sur ses mains qui maintenait le livre fermement, mais avec une certaine adresse qui laissait deviner qu'il avait l'habitude. J'aimais le voir tourner les pages unes à unes avec la délicatesse d'un joaillier.
Je ne sais combien de temps je passai à l'observer de la sorte.
Mes yeux retournant sur sa main, je tendis la mienne et caressai du bout des doigts les bosses et les creux, redessinant les monts et vallées de ses doigts. J'étais comme captivé. Si bien que je ne remarquai pas son regard sur moi, et fus surpris qu'il ferme son livre.
Le voyant faire, je reculais un peu mes doigts et levais les yeux vers lui.
Il me sourit et posant son livre sur le sol, il s'allongea face à moi.
" Excuse moi, tu dois vouloir dormir... me dit-il en plongeant son regard dans le mien."
Je fis un petit non de la tête, le regard toujours absorbé par le sien. Nous nous regardâmes ainsi durant de longues minutes, puis comme poussé par la même pensé, nous tendîmes légèrement la main vers l'autre ces dernières entrant alors en contact. Doucement, je caressais ses doigts et lui les miens. Elles dansaient ensemble élégamment dans une danse qu'elles semblaient connaître par cœur, se touchant, se caressant sans gêne, aucune. Puis il décida qu'il en avait assez, il leva la main un peu plus et vint la poser sur ma joue. Ma dextre, ne voulant pas se séparer de sa récente jumelle la rejoignit et la serra tendrement.
Sans quitter ses yeux je caressais sa peau de mon pouce et il faisait de même, avec encore plus de délicatesse que lorsqu'il tournait les pages de son livre.
Lentement, je sentis sa paume chaude quitter ma pommette et ses doigts glisser le long de ma mâchoire. Il la suivit jusqu'à mes lèvres. Je sentais en moi des milliers de papillons virevolter dans mes entrailles. Il était si doux que parfois je crus perdre son contact, mais il revenait toujours. Lorsque son index rencontra la peau sensible de ma lèvre inférieure, je fus parcouru d'un frisson intense qui me fit soupirer malgré moi.
Détendu, je fermai les yeux laissant mes autres sens se délecter de ses attentions. Ses doigts passèrent lentement sur mes lèvres entrouvertes, les pressant par moments. C'était un instant hors du temps. Ce genre d'épisode que l'on grave dans sa mémoire à jamais. Mon cœur battait si fort, si vite, mais je ne m'en souciais guère, car sous ses doigts j'étais comblé.
Alors que la pulpe de son index remontait sur ma lèvre supérieure, me faisant frémir, je ne pus m'empêcher de l'embrasser. Un simple baiser sur ses doigts, mais cela libéra en moi, comme un orage de désir, encore plus puissant que celui qui tonnait dans le ciel. J'entrouvris les yeux et vis son regard étonné qui me fit sourire, mais aussi rougir. Mes joues me brûlaient, mais il serait mentir que de ne dire qu'il n'y avait que mes joues. Mon corps entier était embrasé.
Je l'entendis déglutir et je préférai fermer à nouveau les yeux. Puis, il se rapprocha un peu. Je pouvais sentir son souffle contre mon visage. Je pouvais sentir sa chaleur se mêler à la mienne.
Ses doigts que je ne pouvais oublier, glissèrent lentement de mes lèvres à mon cou. Ça chatouillait mais j'en voulais un peu plus. Alors je m'approchai à mon tour. Nos genoux entrèrent en contact ainsi que nos nez. Je n'osai ouvrir les yeux, sachant que je tomberai directement dans les siens, si profond.
Ayant lâché sa main un peu plus tôt je posai la mienne sur son flanc, et alors que mes doigts entrèrent en contact de sa peau brûlante, je sentis ses lèvres frôler les miennes. Elles ne s'étaient pas touché encore, seulement frôlées. Une légère caresse.
Son souffle s'écrasait contre moi avec rapidité et chaleur. Je bougeai un peu la tête pour que la caresse recommence.
Je me surpris à vouloir de ses lèvres, de sa peau, de son être tout entier. Je le voulais lui. Je voulais qu'il me serre dans ses bras et le serrer à mon tour. C'était nouveau mais très fort, plus que je ce je n'aurais jamais pu imaginer.
Nos lippes chaudes et humides, ne cessaient de se chercher sans se trouver, se frôlant, se caressant presque. C'en était frustrant... Si frustrant.
Sa main se serra sur ma nuque et alors qu'une énième caresse touchait mes lèvres, je poussai un léger grognement tout en pressant son flanc. Je n'en pouvais plus... Je voulais sentir ses lèvres rondes épouser ma bouche.
Entendant ma frustration, il s'arma de courage et pressa finalement ses douces lippes contre les miennes en demande.
C'était un simple baiser, lèvres contre lèvres, mais en moi je sentis naître une explosion de bonheur. En un soupir je tournais le visage pour approfondir cet échange. lentement, doucement, timidement, il commença à mouvoir ses lippes. Mais rapidement, le rythme s'accéléra en même temps que notre souffle. Nos bouches se séparaient pour mieux se retrouver.
A mesure qu'il me goûtait, me dévorait presque, je sentais en moi une boule de chaleur, où devrais-je dire une boule de bonheur. J'étais si bien. Comme si ma place avait toujours été ici. Dans ses bras.
Sa langue se fraya un chemin entre mes lèvres pour retrouver la mienne. A ce toucher je ne pus m'empêcher de lâcher un petit gémissement tout en le serrant à moi.
Nous étions maladroit, inexpérimenté, mais je n'en avais que faire. Ma langue vint caresser la sienne et, comme nos mains plutôt, elles entamèrent une danse dont elles seules avaient le secret.
Son corps contre le mien, je glissais ma main dans son dos, l'autre se frayant un chemin sous son flanc, pour l'avoir plus près encore.
Alors que nos bouches se quittaient et se retrouvaient dans une symphonie de bruits humides, il glissa un genou entre mes cuisses et d'un mouvement rapide il se retrouva au-dessus de moi. Lentement nos lèvres se quittèrent, à mon plus grand malheur. J'aurais voulu l'embrasser ainsi durant des heures entières. Car lorsque ses lèvres avaient touché les miennes, je m'étais senti invincible. Comme si je venais de boire une potion magique, un antidote, ou une drogue.
Il se redressa lentement, sa main retrouvant ma joue. Je le regardais avec les yeux brumeux de désir. Je n'avais jamais, au grand jamais ressenti ce genre d'envies ou de sensations. Mais aujourd'hui, avec lui. Je voulais tout. J'étais prêt à tout. j'ignorais s'il ressentait comme moi, mais quelque chose dans mon cœur me le laissait croire.
du bout de ses doigts, il redessina mon visage, détaillant chaque contour, ma pommette, puis il remonta le long de l'arête de mon nez, passant sur mon arcade sourcilière, suivi chacune des taches de rousseur de mon front puis descendit par l'autre sourcil. Dessina ma paupière puis ma joue. Il caressa le bout de mon net, le détaillant avec les yeux remplis d'une curiosité amoureuse.
" Je ne veux pas oublier ton visage... Jamais."
Ses doigts glissèrent sur mes lèvres encore humides de nos baisers. Je lui stoppai alors la main en la prenant dans la mienne, et embrassai sa paume avec tout l'amour que je pouvais.
" Je ne veux jamais oublier votre visage non plus, lui répondis-je la voix brisée par l'envie."
Nous avions dit ça comme si, nous nous faisions la promesse de se retrouver, plus tard, dans une vie qui n'était pas celle-ci.
Je pris ses doigts et les embrassai uns à uns, baisant chaque phalange comme s'il s'agissait des choses les plus fragiles qui me fussent données de voir.
Puis, arrivant au bout de son index, je sortis un peu ma langue pour y goûter.
Plongeant mon regard dans le sien, je glissais mon muscle rosé contre ses doigts puis, voyant qu'il se mordait la lèvre avec envie, j'entrouvris les lèvres et laissais son index ainsi que son majeur pénétrer dans ma bouche. Il caressait ma langue et je caressais ses doigts de cette dernière.
Il les glissa un peu plus profond ce qui me fit gémir et le fit soupirer. Puis lentement, il les retira. Ses doigts retrouvèrent ma lèvre inférieure puis mon menton.
Les yeux mis-clos, je le regardais, lui faisant comprendre qu'il me rendait fou.
Jamais je n'aurais imaginé, en le rencontrant, que nous nous retrouverions dans une telle situation, et malgré tout, j'étais en parfait lien avec moi-même et mes désirs. De plus c'était comme si nous savions l'un l'autre ce qu'il fallait faire. Comme si nos corps se connaissaient déjà.
Sa main arriva au niveau de mon cou, puis ma clavicule. Il voulut aller plus loin mais ma chemise lui bloquait l'accès. Alors, sans se soucier de rien, il commença à la déboutonner. Et je le regardais faire, perdu dans un désert de pensés où la seule oasis était son corps qui m'appelait irrépressiblement.
Lorsqu'il eut ôté tous les boutons de leur boutonnière, il caressa mon torse avec une telle lenteur que mon corps fut parcouru de frissons qui me cambrèrent malgré moi. Mais il ne sembla pas s'en soucier. Il observait mon corps toujours avec ce regard qui me donnait envie de l'embrasser à en perdre le souffle.
Ses doigts se perdirent sur mon ventre qui ne cessait de se contracter, alors qu'il se penchait en avant pour m'embrasser sur le plexus solaire. Puis l'air de rien, il descendit en cascade ses baisers jusqu'à mon nombril. Chaque fois que ses lèvres entraient en contact avec ma peau, je sentais une petite décharge de plaisir qui me retournait l'estomac, dressant un peu plus ma virilité pressé dans mon sous-vêtement que je tentais d'oublier. N'en pouvant plus d'attendre ses lèvres, je posais mes mains sur sa nuque et le tirais vers moi pour l'embrasser avec fougue. Ce fut à ce même instant qu'il se laissa tomber contre moi, nos bassins s'entrechoquèrent, nous arrachant à tous deux un gémissement qui finit étouffé dans la bouche de l'autre.
Ce baiser n'avait rien à voir avec les précédents, il était hâtif, désireux, mais en même temps rempli d'amour et d'assurance. Je serrais mes mains dans sa chevelure léchant ses lèvres avec envie. Rapidement, je le sentis se mouvoir contre moi, pressant son membre contre le mien. De ce fait nous ne pouvions contenir nos gémissements, tant c'était bon.
Et alors que ses mains puissantes se posèrent sur mes joues et son sexe se frotta contre le mien, j'eus une sorte d'épiphanie. Mon cœur se serra et ma gorge aussi. Je rompis le baiser et plongeai mon regard dans le sien. Il n'y avait pas de doute possible.
" Je vous aime Changbin, murmurais-je contre ses lèvres la voix tremblante, plus que tout."
Il me regarda quelques instants sans bouger, ses joues se tintant d'un rouge éclatant puis, pris d'une soudaine vague de je ne sais quoi, il me serra contre lui, plongeant sa tête dans mon cou qu'il embrassa autant de fois qu'il le put. Son bassin recommença à s'appuyer contre le mien avec plus d'envie encore me poussant à gémir plus fort.
Et alors que je pensais que nous allions finir ainsi tous les deux, il murmura à mon oreille : " Laisse-moi te faire du bien Félix".
Tandis que sa main glissait entre nous pour retrouver mon sexe dans mon sous-vêtement, je lui répondis: " Je suis déjà tout à vous. Faites de moi ce que vous voulez".
Il vint donc m'embrasser avec tendresse, amour et toujours ce désir puissant, sa langue rejoignant la mienne comme si cela était sa destinée. Et pendant que nos bouches ne faisaient plus qu'une, il baissa mon caleçon et enroula ses doigts autour de mon phallus. Il savait quoi faire et il le fit.
J'étais si excité que je crus venir sur le moment mais je voulait que ce moment intime dure pour toujours, si bien que je me retenais de ne finir trop vite. De plus j'avais une petite idée. Je ne voulais pas être le seul à finir.
Bien que ses attentions étaient si bonnes que j'en aurait perdu la tête, je laissais ma main prendre son sexe pour le frictionner avec autant de soin que lui.
A chaque nouveau coup de poignet de sa part je me sentais partir un peu plus. Tellement que j'en gémissais son nom quand il ne couvrait pas ma bouche de baisers langoureux.
Mais rapidement je ne pouvais plus tenir le rythme tout était si bon. Voyant que je perdais pied, il me fit lâcher son sexe et attrapa nos deux membres dans une même main pour les branler l'un contre l'autre. Et bien que tout ce qu'il avait fait avant était exquis, cela n'était rien face à la sensation chaude qu'était de le sentir contre moi.
Enroulant mes bras autour de son dos, je plantais mes ongle dans sa peau, submergé par des vagues de plaisir incessantes. Il n'y avait pas que le plaisir charnel dans cette étreinte, il y avait aussi le plaisir de partager cela avec un être que l'on aime plus que tout. Mon cœur et mon corps étaient satisfaits, comblés, comme jamais ils ne l'avaient été. J'étais heureux, j'étais bien, et alors que des larmes de joie coulaient sur nos joues, nous jouîmes à l'unisson. Hurlant notre plaisir à l'univers tout en nous vidant dans sa main et sur mon ventre.
Il continua ses mouvements le temps de nous finir complètement, puis lentement, il se laissa tomber sur moi pour s'emparer de mes lèvres. Et cela tombait à pic car je brûlais d'envie de l'embrasser.
Ce baiser fut doux, amoureux, dénué de cette hâte qui caractérisait les précédents.
Nous étions sereins... Heureux.
Il s'essuya la main à l'aide d'un mouchoir et fit de même sur mon ventre avant de retirer complètement mon sous-vêtement à ma demande. Je lui avais dit vouloir sentir son corps entier contre le mien et il avait avoué à demi-mots, vouloir la même chose. Il fit alors de même pour lui et vint se coller à moi, me serrant dans ses bras avec toute la force protectrice qu'il avait. Il ne m'avait pas dit qu'il m'aimait. Mais je n'en avais pas besoin. Je savais ce qu'il ressentait.
Je nichais mon visage dans son cou et fermai les paupières. Humant l'odeur de son corps après l'amour, je sombrais peu à peu dans le sommeil.
L'orage grondait toujours, la pluie battait avec force contre le sol pavé, mais rien de tout ça n'avait d'importance... Car j'étais avec lui.
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